MONTRAGUE
Trois femmes et cinq hommes
Musique de scène:
Rameau / Les Indes galantes
Borée et la Rose
DÉCOR :
On distingue trois lieux scèniques:
la forêt, la cour du château, le salon.
Il est hors de question de construire trois décors. On privilégiera une scène vide, éventuellement avec des éléments permettant de travailler sur plusieurs niveaux [podiums].
L'un des deux serviteurs ou un machiniste apporte à vue un élément marquant le lieu [ par exemple, arbuste pour la forêt, fauteuil pour le salon, fontaine pour la cour.
Le travail de l'éclairagiste peut être très efficace pour marquer les lieux [par exemple, nuance verte pour la forêt, contrastes ombres et lumière pour la salon, éclairage doux jouant sur les bleus et les rouges pour la cour].
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INTRIGUE
Un château délabré, dernier vestige d'une splendeur révolue.
Une ancienne famille de noblesse rurale ruinée.
Des visiteurs envahissants et des serviteurs effrontés.
Des intrigues amoureuses, familiales et financières.
Un marivaudage, clin d'oeil aux comédies du XVIIIe.
Dans la forêt vivent Henri le Diable et son compagnon, Frère René.
Henri, hâbleur, fier, bagarreur, mais néanmoins homme d'honneur, ressemble à s'y méprendre au marquis de Montrague. Le spectateur, avide d'énigmes, découvrira pourquoi.
"Ce qui est fâcheux avec les hommes, c'est qu'ils n'ont aucune volonté !"
PERSONNAGES:
- Le marquis Jean de Montrague et Henri le Diable: deux jumeaux que tout oppose. Autant Jean est paresseux, suffisant et vaniteux, fourbe et lâche, autant Henri, injustement spolié par son frère, respire le courage, l'énergie et la loyauté. Il aime l'action et la bagarre. Double rôle pour le même acteur.
- Frère René, dont on ne sait s'il est un vrai moine, ou s'il a endossé la bure pour échapper à quelque poursuite, se présente comme l'ombre de son compère Henri.
- Le duc Edward de Sunderland, ni tout à fait écossais, ni complètement anglais, est un surexcité permanent. Sait-il seulement se déplacer sans courir, sans bondir ? Il est excessif en tout, mais à la manière d'un sujet britannique.
- Bertrand, vicomte de Millepertuis et le narrateur. Comme son nom l'indique, le narrateur est toujours présent. Il commente, explique, met son grain de sel à tout propos. Il fait le lien entre le public, les personnages et l'action. Le même acteur donne vie au vicomte de Millepertuis, jeune homme vif, sans peur, querelleur, imbu de lui-même et de ses origines
- Jacques, laquais. Il est l'archétype du valet de comédie du XVIIIe: finaud, coquin, jouant l'idiot pour mieux tromper son monde, d'un courage très relatif, il n'hésite cependant pas à faire valoir son point de vue.
- Blanche, marquise de Montrague, ne supporte pas la décré-pitude et la déchéance de la fortune, du domaine et du nom. Son époux l'insupporte, c'est un bon à rien. Grande dame, elle se verrait bien parader à la Cour, pérorer et persifler avec celles de son rang. Hélas, le marquis s'y ennuie.
- Geneviève de Montrague, fille du marquis et de la marquise. Obéissante, soumise, sans grand relief, elle est charmante, c'est déjà ça. Elle rêve d'un prince charmant qui, peut-être, pourra l'éloigner de l'atmosphère pesante de Montrague.
- Madeline, servante. En voilà une qui a du caractère. Elle ne s'en laisse compter par personne, même pas par son maître. Elle représente le personnage typique de la servante délurée. Si, dans cette affaire, quelqu'un à de l'intelligence, marquée surtout par un solide bon sens, c'est elle.
Christian HECQUET, le marquis de Montrague
R.F. AEBI, Jacques
Blaise GRUNDER, Frère René
SCÈNE 4 (Mme de Montrague, Geneviève, sa fille, Madeline, sa bonne, le narrateur)
Geneviève entre, Elle tient une broderie.
Madame de Montrague:
- Eh bien, Geneviève, voilà une mine qui ne respire pas la plus grande gaieté.
Geneviève :
- Oh, ma mère ! Comment pourrais-je ne pas sombrer dans la mélancolie, quand vous voulez, avec mon père, que j’épouse le chevalier de Maisonnoire ?
Madame de Montrague:
- C’est un bon parti. Il est riche, il pète de santé.
Geneviève:
- Il est vieux.
Madame de Montrague:
- Pas tant que ça. Il est encore bel homme. Nombre de jouvenceaux pourraient le jalouser. Il n’est peut-être plus de première jeunesse, mais il n’y paraît pas… Il a, certes, une jambe plus courte que l’autre et, par conséquent, il boite très bas
Geneviève :
- Son œil gauche est fermé par une énorme verrue.
Mme de Montrague :
- Ce qui peut être avantageux. Pour surveiller sa maisonnée, s’il ne dort que d’un œil, c’est certainement de l’autre, du coup il ne voit rien de ce qui se passe chez lui.
Geneviève :
- Il pue.
Mme de Montrague :
- Comment ?
Geneviève :
- Il dégage une odeur putride.
Madame de Montrague:
- Une épouse ne doit pas s’attacher à ce genre de détails. Nous avons un nez, comme tout un chacun, mais nous pouvons le boucher. En outre, il se dit, dans le monde, que le chevalier de Maisonnoire est un homme porté sur la plus grande propreté. Il prendrait un bain tous les deux ans, à la Noël.
Madame de Montrague est sourde à ce que lui dit sa fille.
Geneviève:
- Son nez exsude en permanence un liquide poisseux et jaunâtre.
Madame de Montrague:
- Sa bourse est pleine de bons écus.
Geneviève :
- De longs poils disgracieux lui sortent des oreilles.
Madame de Montrague:
- Ses terres sont riches et vastes.
Geneviève:
- Il a les dents gâtées, toutes noires.
Madame de Montrague:
- Son château est l’un des plus importants de la région.
Geneviève:
- Son haleine tue les mouches à vingt mètres de distance.
Madame de Montrague:
- On dit qu’il a des intérêts dans une compagnie de transport maritime très prospère.
Geneviève:
- C’est sans doute pour cela qu’il exhale constamment une odeur de poisson pourri.
Madame de Montrague:
- Je constate avec plaisir, ma fille, que tu es fort bien disposée envers lui. Je vais de ce pas en informer ton père. L’affaire est en bonne voie, d’autant plus que, chez les femmes, Monsieur de Maisonnoire apprécie plus l’esprit que la beauté et tu n’en es point dénuée.
Madame de Montrague sort très rapidement, mais dignement
Geneviève:
- [tristement] Comment peut-on s’entendre avec ses parents quand eux-mêmes sont sourds comme des pots ?
Entrée énergique de Madeline. Elle se bloque.
Narrateur:
- Madeline, la servante et l’épouse de Jacques. Elle règne sur la cuisine et la basse-cour… c’est-à-dire sur Charlotte, la seule poule qui reste. Elle a le caractère vigoureux… Madeline, pas la poule… ce qui ne l’empêche pas d’éprouver une tendre affection pour Geneviève.
Madeline se débloque.
Madeline:
- [appelant] Jacques ! [Apercevant Geneviève] Mademoiselle Geneviève, quelle triste mine vous faites !
Geneviève:
- Je ne vois pas pourquoi je devrais sauter de joie à l’idée de devenir l’épouse de cet affreux chevalier de Maisonnoire.
Madeline:
- Quelle horreur !... Mais, dites-moi, n’aime-t-il pas surtout les femmes d’esprit ?
Geneviève:
- Si fait.
Madeline:
- Ça tombe bien, il ne voudra pas de vous. Vous êtes sotte comme une caillette.
Geneviève:
- Que dis-tu ?
Madeline:
- Vous avez de l’esprit ? Eh bien… perdez-le.
Geneviève:
- Quoi donc ?
Madeline:
- L’esprit. Devenez aussi sotte qu’une caillette.
Geneviève:
- A-t-on jamais ouï pareil prodige ?
Madeline:
- Parfois… avec l’aide d’un solide bâton.
Geneviève:
- Un bâton qui rend nigaude ?
Madeline:
- Non le bâton lui-même, mais le coup que l’on porte grâce à lui sur le crâne… Ne bougez point d’ici, je vais en quérir un beau et je reviens vous en frapper la caboche.
Narrateur:
- Madeline va chercher un énorme gourdin. Elle en frappera violemment Geneviève.
Geneviève:
- Ça ne va pas ? C’est pas prévu dans le texte.
Narrateur:
- Je plaisante.
Fausse sortie de Madeline.
Geneviève:
- [peu rassurée] Hé ! Tu veux m’estourbir ?
Madeline:
- Que nenni ! Le proverbe dit : « Il faut avoir de l’esprit pour faire la bête ». Vous y réussirez donc fort bien. [Regardant vers une coulisse] Voici votre mère qui revient. Nous allons éprouver l’artifice.
Entrée de Madame de Montrague.
Madame de Montrague:
- Vous êtes toujours là, ma fille ?
Geneviève:
- Oui, Madame. Comme on dit justement : si je suis là, c’est que je ne suis pas ailleurs.
Madame de Montrague:
- [ne sachant plus quoi dire] Il fait un temps exécrable.
Geneviève:
- C’est bien vrai. D’ailleurs, quand il pleut, de l’eau tombe du ciel.
Madame de Montrague:
- [étonnée] Certes… certes… Vous êtes toujours à votre ouvrage ?
Geneviève:
- Quel ouvrage ?
Madame de Montrague:
- Mais enfin, celui que vous tenez. [À Madeline] Qu’a-t-elle donc à présent ?
Madeline:
- Votre fille, Madame, a glissé… est tombée et… s’est tapé le carafon sur… sur les carreaux. Voilà !... C’est ça : sur les carreaux. Depuis, elle déparle comme une oie… Je… Je dois aller en cuisine pour… pour cuisiner.
Madeline sort en courant.
Madame de Montrague:
- [à part] Voilà qui est fâcheux : Geneviève bécasse… Le chevalier de Maisonnoire n’en voudra plus et… adieu les écus. [À Geneviève] Souffrez-vous ?
Geneviève:
- Est-ce à moi que vous parlez, Madame ?
Madame de Montrague:
- Nous ne sommes ici que vous et moi.
Narrateur:
- Vous oubliez le narrateur.
Madame de Montrague:
- Il n’est pas dans l’action, il ne "narrate" plus.
Narrateur:
- C’est juste.
Madame de Montrague:
- Si vous ne cessez d’interrompre, nous ne sommes pas prêts d’être au bout. Je disais donc : [à Geneviève] Nous ne sommes ici que vous et moi.
Geneviève:
- Que vous et… Oui… À qui donc causiez-vous ?
Madame de Montrague:
- [perdant patience] Soit à vous, soit à moi-même.
Geneviève:
- Et… ce que vous vous disiez était-il bien intéressant ?
Madame de Montrague:
- [à part] Seigneur ! Pour le coup, elle est devenue complètement stupide. [Inquiète, à Geneviève] Savez-vous qui je suis ?
Geneviève:
- À voir votre tournure, une personne de qualité, sans aucun doute.
Madame de Montrague:
- Oui, mais… quel est mon nom ?
Geneviève:
- C’est selon.
Madame de Montrague:
- [de plus en plus inquiète] Selon… quoi ?
Geneviève:
- Madame ma Mère, quand je m’adresse à vous, Madame de Montrague, quand c’est un étranger, ma Maîtresse, quand c’est Jacques ou Madeline. Pour ce qui est de mon père, je ne sais par quel petit nom il vous appelle dans l’intimité, ce n’est pas l’affaire des enfants… Ma biche, peut-être… ou… mon oiseau de paradis… ou encore… ma chevrette adorée… Encore que là, ça m’étonnerait.
Madame de Montrague:
- [à part] Elle est idiote, mais pas complètement. [À Geneviève] Je vais annoncer la chose à votre père.
Geneviève:
- Annoncer quoi ?
Madame de Montrague:
- Que vous êtes… qu’un fâcheux accident… cela ne vous regarde pas. Allez donc dans votre chambre finir votre ouvrage.
Geneviève sort rapidement.
SCÈNE 11 [Le marquis de Montrague, la marquise]
L'intrigue de cette scène n'est pas conçue pour choquer par son côté scatologique. Au XVIIIe siècle, et avant, le sujet prêtait volontiers à rire. Pour s'en persuader, on consultera avec profit les Mémoires de Saint-Simon, la correspondance de Madame de Sévigné ou celle de Mozart. [Note de l'auteur].
Le narrateur:
- Mesdames et Messieurs, la pièce que nous avons le plaisir et l’honneur de jouer ce soir devant vous est… comment dire ?... un peu compliquée. Nous sommes revenus dans le salon d’apparat du château de Montrague.
Le machiniste apporte le tapis et le fauteuil. Il ressort, le narrateur aussi.. Le marquis entre, très « grand seigneur », et s’assied dans le fauteuil. Madame de Montrague entre. Elle passe derrière le marquis.
Marquise de Montrague:
- Mon Dieu, mon ami, c’est terrible ! Une odeur fétide se dégage de votre fondement et vous émettez des pétarades fort déplaisantes.
Marquis de Montrague:
- Eût-il fallu, Madame, pour votre bon plaisir, que je pétasse
en fa dièse plutôt qu’en sol bémol ?
Marquise de Montrague:
- On dira donc que vous avez le vent en poupe, ce qui n’est point une plaisante façon d’entretenir la conversation pour un gentilhomme.
Marquis de Montrague:
- La différence entre un gentilhomme et un manant est que l’un peut se soulager avec noblesse, tandis que l’autre ne procède que grossièrement. Pour ma part, cela vient probablement de cette tarte à la rhubarbe que Madeline nous servit hier.
Marquise de Montrague:
- D’autant plus que vous en ingurgitâtes quatre grandes parts.
Marquis de Montrague:
- Qu’y puis-je si j’ai une passion pour la tarte à la rhubarbe ? De plus, je ne suis pas allé depuis un moment.
Marquise de Montrague:
- Aller où ?
Marquis de Montrague:
- Là où l’on va tout seul.
Marquise de Montrague:
- Sauf le Roi qui en fait toute une cérémonie.
Marquis de Montrague:
- Il est vrai. Comme vous le savez, j’eus moi-même l’insigne honneur, quand j’étais à la cour, d’être prié par sa Majesté d’assister à la royale défécation. Je dois avouer que le spectacle en valait la peine et que personne ne saurait effectuer une telle opération avec plus de grandeur que le Roi.
Marquise de Montrague:
- Monsieur, je dois vous parler de notre fille.
Le marquis se lève d’un bond et reste bloqué. Il ne respire plus. Ses joues enflent.
Marquise de Montrague:
- Votre fille n’est plus bonne pour le chevalier de Maisonnoire. Il faudra pourtant bien la marier… avec un riche parti… Monsieur mon époux, entendez-vous ce que je dis ?
Marquis de Montrague:
- …
Marquise de Montrague:
- Qu’avez-vous encore ?
Marquis de Montrague:
- [dans un souffle retenu] Il faut que j’aille, sinon je…
Marquise de Montrague:
- Ah non, pas ici ! Allez, Monsieur, allez !
Le marquis sort en courant.
Marquise de Montrague:
- Ce qui est fâcheux avec les hommes, c’est qu’ils n’ont aucune volonté.
Scène 1 :
Lieu : la forêt.
Scène 2:
Le fond du parc du château.
Scène 3:
Salle d'honneur du château.
Scène 4:
Même lieu.
Scène 5:
Même lieu.
Scène 6:
Même lieu.
Scène 7:
Même lieu.
Scène 8 : le fond du parc du château.
Scène 9 : les Bois de Chers
Scène 10 : le parc du parc
Scène 11: la salle d'honneur du château
Scène 12: même lieu.
Scène 13: même lieu.
Synopsis
Le narrateur présente Henri le Diable et Frère René. Ils sont, par un fort mauvais temps, installés dans la forêt. Bref passage du Duc de Sunderland et du laquais du château de Montrague, Jacques.
Henri le Diable se remémore les circonstances qui lui ont fait perdre le domaine de Montrague et le titre, au profit de son frère Jean. Il prépare, avec Frère René, un subterfuge qui devrait révéler la félonie de Jean.
À la suite d'une légère fâcherie, Henri et Frère René se battent avec des bâtons, pour le plaisir.
Geneviève, fille du marquis et de la marquise, apparaît très mélancolique, en raison de la volonté de son père de lui donner pour époux le chevalier de Maisonnoire, vieux et fort riche. Elle préférerait le jeune et beau vicomte de Millepertuis. Hélas, il est le fils du pire ennemi du marquis de Montrague.
Le duc de Sunderland surgit, toujours aussi agité. Par habitude, il tente de séduire Geneviève, puis il avoue qu'il est follement amoureux de la marquise de Montrague.
Le vicomte de Millepertuis intervient. Il croit que Sunderland courtise Geneviève. Ils vont se battre, lorsque Jacques, le laquais, survient et permet à la tension de retomber.
Jacques annonce à la marquise l'arrivée de Sunderland. Celui-ci éprouve quelques difficulté avec la langue française. Il mêle sans problème la langue de Molière et celle de Shakespeare. Il révèle être à la recherche d'un document perdu, probablement compromettant. À l'arrivée du marquis, Sunderland s'enfuit. De Montrague ne fait que passer.
Madame de Montrague tente de convaincre Geneviève de tous les attraits du vieux chevalier de Maisonnoire. Celle-ci répond en énumérant tous ses défauts physiques.
La servante Madeline intervient. Elle sait que le chevalier apprécie les femmes d'esprit et conseille donc à Geneviève de jouer la sotte. Elle s'y exerce avec application.
La marquise se plaint à son époux de leur situation financière catastrophique.
Jacques, le valet, est certainement espiègle et malicieux. Pour faire enrager son maître, il simule la bêtise.
Geneviève démontre à son père à quel point elle serait idiote. Le mariage avec le chevalier décati semble bien compromis.
Où l'on assiste à une petite scène d'amour tendre et chaste entre Madeline et Jacques.
Frère René arrive, vêtu en homme de loi. Il est malmené par Madeline, qui démontre là son solide caractère. Jacques prend sa place.
Au grand soulagement de Frère René, quelqu'un d'autre que des serviteurs mal lunés paraît. Hélas ! C'est la marquise. Elle entame une scène de séduction presque torride, bien que "tous publics".
Madeline et Jacques s'en donnent successivement à coeur joie pour les mettre mal à l'aise.
La situation se gâte à l'arrivée de Sunderland et surtout à celle du marquis.
Enfin, Frère René commence à exposer sa mission. Il est constamment interrompu par un ballet impétueux, mêlant Madeline, Jacques et Sunderland.
Sur la base d'un document, faux évidemment, Frère René prouve que le jumeau du marquis est né le premier et que c'est donc lui l'héritier.
Le marquis veut assommer Frère René. L'intervention inopinée de Jacques lui permet de fuir.
Le jeune vicomte de Millepertuis rencontre Geneviève. Il en tombe immédiatement amoureux. Il s'en suit une scène de séduction à la mode des adolescents ou des jeunes adultes d'aujourd'hui, mais avec un langage et des attitudes du XVIIIe siècle.
Jacques, parti à la cueillette des champignons, se retrouve inopinément en présence du frère jumeau de son maître, c'est-à-dire Henri le Diable. La ressemblance est frappante, mais non l'allure générale.
Jacques est remplacé est remplacé par Sunderland.
À la demande du narrateur, Sunderland parle en version doublée. Il croit aussi qu'Henri est le marquis. Il avoue que, s'il est aussi agité, c'est qu''il est follement amoureux de la marquise.
Le vicomte intervient. Il est à la recherche de sa dulcinée, Geneviève.
Sunderland parle à nouveau un anglais approximatif.
Geneviève et le vicomte reprennent leur scène d'amour, régulièrement interrompus par Sunderland. Il veut défendre Geneviève, avant de s'apercevoir qu'ils s'agit d'une « love story ».
Le marquis a des problèmes intestinaux (scène classique dans la littérature du XVIIe et du XVIIIe.
Le vicomte de Millepertuis retrouve la marquise de Montrague. Il vante sa naissance, mais s'y prend très mal.
Au retour du marquis, c'est encore pire. Le ton monte. Ils se fâchent très rapidement, s'insultent, se provoquent et se battent en duel.
À peine le vicomte a-t-il touché le marquis qu'il lui demande la main de sa fille. La réaction de Montrague est virulente. Le jeune vicomte s'enfuit.
La marquise intervient. Elle s'irrite de l'inconséquence de son époux : le vicomte est un riche héritier.
En apprenant que le domaine de Montrague est en complète faillite, Henri le Diable est reparti vers de nouvelles aventures.
Toutes les intrigues mêlées se dénouent, sur une rythme d'enfer, en une page et demie (comme dans certaines comédies de Molière, de Shakespeare, ainsi que dans les mélodrames du XIXe siècle).